LA MAISON DU BAILLI ET L' AMEC

La Maison du Bailli, probablement la plus vieil immeuble de Morhange hormis l'église, possède une longue et riche histoire.
En ruines au milieu du siècle dernier, elle a été sauvée de la destruction et de l'oubli grâce aux fondateurs de l'AMEC, Association Morhan­geoise Éducation et Culture.
Rappelons rapidement son histoire.

Le bailli et sa maison

Comme les différents seigneurs et comtes de Morhange n'habitaient pas toujours sur place, ils confiaient l'administration de leur domai­ne, château, terres et revenus à un personnage appelé le plus souvent le bailli. Nous ignorons le nom du premier bailli dont la mention ap­paraît en 1443, mais nous savons qu'il était ri­che et nous connaissons également ses droits et ses devoirs. Le bailli, en général, était logé dans une maison du seigneur. La tradition locale a de tous temps désigné l'immeuble de la rue Saint-­Pierre comme étant la" Maison du Bailli » et il n'y a pas lieu d'en douter pour diverses raisons. Au départ, la maison avait un aspect fort dif­férent de celui aujourd'hui. Comme il était d'usage à l'époque, elle était constituée d'une seule pièce à vivre, sans séparations intérieures, d'un seul étage, orientée nord-sud. L’édifice, massif, comportait peu d'ouvertures afin qu'il soit facilement défendable en cas de troubles ou guerre. Une cave située sous le bâtiment était accessible depuis l'extérieur. La demeure était certainement entourée de divers bâtiments, écurie, appentis, poulailler. . .

Au 16 e siècle, les Rhingraves sont de plus en plus souvent absents. Par voie de conséquence, les baillis ont de plus en plus de responsabilités, s'enrichissent et deviennent ainsi des personna­ges considérables.

Bientôt, ils ne se contentent plus d'une simple habitation et c'est au début du 17e siècle que la maison est transformée de fond en comble. La demeure initiale est agrandie, à la fois latéralement et en hauteur. Une deuxième aile est accolée à l'est de la première, séparée par un couloir doublant ainsi la surface habitable au sol et le tout est surmonté d'un étage. Les ouvertu­res anciennes sont murées et remplacées par des portes ou des fenêtres plus larges, une deuxième cave est rajoutée sous l'escalier qui permet de monter à l'étage.
La date de fin des travaux de restructuration est certainement celle de 1632 qui figure sut une plaque insérée sur la façade. L’aspect général est assez proche, à l'époque, de l'aspect actuel.

Les baillis et leur demeure contribuent à toute l'histoire mouvementée de la ville, mais aussi celle du Comté et du Duché de Lorraine ; ainsi, le dernier bailli, Joseph Rupied, participe-t-­il de très pt ès à l'histoire de la Révolution de 1789 par exemple. Après ces événements fon­damentaux pour notre pays, la maison du bailli devient une ferme, et pendant cette période, différentes transformations ont été effectuées. Après la deuxième guerre mondiale, la demeure est en piteux état, notamment pour faits de guerre, et menace ruine.

La Maison de l' Amitié

Le 16 février 1953 naît l'AMEC. Pour servir de local au groupe scout, l'association achète le l"juin 1954 par le biais de son président, la Maison du Bailli à son dernier propriétaire. Dès 1952, sur foi d'une promesse de vente, des bénévoles effectuent les premières réparations, puis entreprennent la restauration en respec­tant au maximum le cachet et l'ancienneté de la Maison. Pendant ce temps, l'abbé Dieudonné, recueille des fonds dans toute la région. . .

En novembre 1990, les scouts quittent la Maison pour s'installer plus près de la nature. Les membres de l'AMEC décident alors de continuer en esquissant deux objectifs: pour­suivre la restauration et développer les structures d'accueil. Inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 26 novembre 1993, la restauration continue toujours avec rigueur et méthode en ces débuts du 21e siècle. Quant à la mission d'accueil dont les membres de l'association se sont investis, elle se poursuit comme jamais: du Salon international de la gravure qui vient de clore sa première décen­nie d'existence au lieu provisoire du culte en passant par l'atelier de peinture ou le Cer­cle d'histoire, la Maison du Bailli est devenue désormais la Maison de l'Amitié.

Jean-Claude BASTIAN
Cercle d’histoire et du patrimoine de Morhange et environs.
"Dix ans de gravure contemporaine à la Maison du Bailli"